BEAUTÉ DE LA BRETAGNE HISTORIQUE

Beau livre de photographies originales, tout en couleurs, avec de passionnants articles historiques, qui racontent la Bretagne des origines à nos jours, une exceptionnelle anthologie littéraire, (Guillaume Apollinaire, Honoré de Balzac, André Breton, René-Guy Cadou, Yann-Ber Calloc’h, Francine Caron, Blaise Cendrars, F.-R. de Chateaubriand, Colette, Joseph Conrad, Tristan Corbière, Yves Cosson, Paul Féval, Gustave Flaubert, Théophile Gautier, Louis Guilloux, José Maria de Heredia, Victor Hugo, Max Jacob, Alfred Jarry, Hersart de La Villemarqué, Anatole Le Braz, Pierre Loti, Jules Michelet, Gérard de Nerval, Marcel Proust, Henri Queffélec, François Rabelais, Ernest Renan, Saint-Pol Roux, Victor Segalen, Stendhal, André Suarès, Chrétien de Troyes, Jules Verne, Villiers de l'Isle Adam), 

avec les contes et légendes 

de Comorre, le Barbe-bleue

de Katell Gollet

du temple de Lanleff

de la dame de Trécesson

de l’arbre à Guillotin

de la mort du loup

et de la ville d’Ys

réécrits par Marjolaine Morin,

 

avec des lithographies de Félix Benoist, François-Hippolyte Lalaisse, Gustave Doré, et des peintures de Fredde, Eugène Boudin, Jules Breton, Yan Dargent, Théodore Gudin, (premier peintre officiel de la marine en 1830), Jacques Guiaud, Adolphe Leleux, Jules-Eugène Lenepveu, Edgar Maxence, Jules Noël, 

 

et un entretien exceptionnel de Gwenaël Kerleo, harpiste celtique.

 

Présentation, 

Graphismes,

Photographies, 

textes inédits de Thierry Orfila

 

2019, tout en quadrichromie, relié cousu, imprimé en France sur papier couché (c’est-à-dire glacé), prix TTC 39,9 €, largeur 21 cm, longueur 29,7 cm, 372 pages.

 

39,90 €

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Préface

 Il est au bout des terres une terre de mystères. Une péninsule s'enfonce dans l'immensité océanique et se détache sur le bleu profond avec sa force de granit. Les millénaires ont buriné son visage, dont le regard porte au loin. Très vieux visage d'ancienne sagesse et de mélancolie, il pleure et souffre souvent, comme un géant qui porte le poids de l'humain et cherche en vain à le faire passer sur l'autre rive.

 L'angoisse de la mort du soleil est plus sensible au bord de l'abîme. Les peuples qui s'en sont imprégnés ont créé des spiritualités toujours vivaces pour combler le grand vide. Des pierres levées aux cathédrales, aux chapelles isolées et aux calvaires magnifiques, en passant par les temples païens, les gens d'ici ont toujours eu le goût de l'infini. Leur tradition est aussi riche de contes et de légendes, qui brodent le thème du passage dans l'au-delà. Autour de l'Ankou, surgissent les créatures fantastiques que sont les korrigans, les dragons, les elfes et les fées.

 De tels esprits ne pouvaient qu'être passionnés de musique et de poésie, formes artistiques les plus élevées et les plus portées au mystère. De fait, la tradition poétique traverse les siècles et se renouvelle sans cesse, depuis les bardes penchés sur leurs harpes, elle est jalonnée de hauts moments, comme le mythe des chevaliers de la Table ronde et du cycle arthurien, ou bien la merveilleuse prose poétique de Chateaubriand, ou plus près de nous, l'admirable poésie voyageuse de Victor Segalen, puis celles de Yann Ber Calloc'h, de Max Jacob, de Saint-Pol-Roux, de René-Guy Cadou, d'Eugène Guillevic, d'Yves Cosson, de Francine Caron ou encore celle d'un poète celtique tel que Kenneth White, qui a fait de cette terre une terre d'élection. Même un romancier pour la jeunesse comme Jules Verne ne peut s'empêcher d'introduire dans sa prose les arcanes de la transcendance, à travers l'exploration des éléments de la Nature.

 D'eau, de roc et de ciel, le paysage fondamental est un affrontement titanesque. L'eau est la source, la fontaine, le ruisseau, la pluie, et surtout l'océan avec ses tempêtes effroyables, venues du bout du monde. Les phares et les falaises mènent le combat perpétuel, mais sont perdus d'avance, ce qui les rend d'autant plus nobles. Les rochers sculptés par les éléments contraires prennent des formes rares, lisses ou rugueuses, et parfois bizarres, dressées, amoncelées ou projetées en chaos. Les grands vents du large tourmentent les nuées, les forêts, les houles, toutes les créatures terrestres et laissent sur leur passage des regards étonnés, ouverts à la puissance cosmique. Et les nuages, les beaux, les merveilleux nuages, les nuages océans qui ont grossi sans obstacle sur l'immensité dévorent l'espace en créant des montagnes, des monstres, des armées célestes traversées de rayons sublimes.

 D'étranges humains osent pourtant s'aventurer sur les flots démontés. Ce peuple de marins, qui a laissé un très lourd tribu sous les lames gigantesques, a engendré de grands découvreurs tels que Jacques Cartier. D'autres explorateurs se sont entourés de fiers compagnons de route, tels que Bougainville et La Pérouse, au départ des ports de l'Atlantique.

 L'histoire fut riche en conflits humains, duché disputé par deux grands royaumes au Moyen-âge, pris par un des deux grands empires, qui possédèrent le monde aux XVIIIe et XIXe siècles, cette terre donna de son sang en maintes occasions. Et même pour sauver la France, elle fut parmi les plus sacrificielles durant les deux guerres mondiales.

 

 Face à l'actuelle mondialisation, il est tentant de se replier sur ses racines, lorsqu'on les sent fortes. Le mouvement régionaliste s'appuie sur ses traditions et sur une exigence maintenue de qualité. Tandis que la médiocratie ambiante, fondée sur le règne de la quantité, témoigne de la déliquescence nationale, la région se veut un territoire plus ou moins préservé, où l'être se pense encore comme transcendant. Lié à la longue chaîne de ses ancêtres, formé par son paysage exceptionnel, éduqué en partie dans sa langue renaissante et maître de la langue dominante, développé dans un ensemble homogène, ouvert à l'inconnu, sensibilisé aux grands mystères, il peut cultiver la partie noble de l'humain.

 Peuple d'exilés, peuple des lointains, peuple minoritaire, il souffre de sa tutelle, qui fut féroce, à tel point qu'elle voulut le priver de son âme et qu'elle l'a amputé de son département le plus riche. Il milite aujourd'hui pour une renaissance. A l'heure des grandes régions européennes, qu'elles soient allemandes ou espagnoles, la recréation d'une grande région bretonne ne paraît pas déraisonnable.

 Sur les landes, au bord des falaises, le long des rivières, sur les sables, face à l'océan ou à l'ombre des pommiers, tout ce peuple est uni par un nom, qu'il chante et danse volontiers, un nom qui remue l'émotion des temps anciens et toujours renouvelés, l'émotion de l'humain qui transmet à l'humain ce qu'il sait riche de valeurs, et ce beau nom est Bretagne.

 

Thierry ORFILA