Beauté de l'Anjou, (Maine-et-Loire)

 

 

7e volume de la collection de beaux livres de voyage des éditions ORION,

une passionnante promenade littéraire, historique et photographique dans l'Anjou.

 

Extraits et citations : René d’Anjou, Aliénor d’Aquitaine, Honoré de Balzac, Hervé Bazin, René Bazin, Jean Bodin, Jehan de Bourdigné, Francine Caron, F.-R. de Chateaubriand, Curnonsky, P.-J. David d’Angers, Charles Dovalle, Joachim Du Bellay, Maurice Druon, Wolfram von Eschenbach, Foulques Nerra, Julien Gracq, Victor Hugo, Jean de Joinville, Jules Michelet, Philippe Muray, Alfred de Musset, Marcel Proust, François Rabelais, Jean Racine, Gilles de Rais, Richard Coeur de lion, Pierre de Ronsard, Stendhal, Alphonse Toussenel, François Villon, Voltaire ;

 

textes, graphismes, photographies et poèmes inédits de Thierry Orfila ;

 

contes et légendes de Gargantua à Bouzillé, de l’étang de Tiercé, de Rouget le braconnier et de la Dame blanche de Brissac mis en forme par Marjolaine Morin ;

 

avec des gravures de Félix Benoist, Gustave Doré, et des peintures de Barthélemy d’Eyck, Thierry Bellange, Roger van der Weyden, François Dubois, Jules Girardet, Girodet-Trioson, Edmond Boislecomte, Jules Benoit-Lévy, George Clarkson Stanfield, Jules-Eugène Lenepveu.

 

2018, relié cousu, imprimé en France sur papier couché (c’est-à-dire glacé) 150 gr, prix TTC 34,90 €, largeur 21 cm, longueur 29,7 cm, 212 pages.

34,90 €

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Préface

 

La confluence est au cœur de l’Anjou, lieu d’équilibre et de synthèse. Elle est d’abord hydrographique, plus grande confluence du bassin de la Loire, avec cet éventail constitué par le Loir, la Sarthe et la Mayenne, qui, ainsi augmentée et renommée Maine, rejoint la Loire, elle-même grossie par ailleurs de la Vienne, de l’Èvre, de l’Authion, de l’Aubance, du Louet, du Thouet et du Layon. Le fleuve rassemble les territoires autour de sa voie royale et définit leur capitale, à l’est les forêts du Baugeois, le tuffeau et les vignes du Saumurois, le vignoble du Layon, à l’ouest l’industrieux Choletais, le bocage des Mauges, puis le Segréen au schiste ardoisier. Au milieu coule le fleuve, qui non seulement rassemble, mais aussi invite à la contemplation et suggère l’infini par la perspective de l’océan. Cet élément fluvial est d’une grande puissance spirituelle et impose la sensation du temps, un temps ralenti par les sables mouvants, qui entraîne au détachement, avec parfois des accès de violence, lors des crues, aujourd’hui toutefois régulées.

Le cours du temps s’est incarné ici dans des personnages historiques d’une richesse extraordinaire, depuis Dumnacus, à la tête de la révolte des Gaulois andécaves, jusqu’aux Cadets de Saumur, qui résistèrent héroïquement à l’envahisseur germanique, en passant, parmi d’autres, par le mystique Robert d’Arbrissel, le terrible Foulques Nerra, la fabuleuse Aliénor d’Aquitaine, deux fois reine, femme d’Henri II Plantagenêt, mère de Richard cœur de lion, au centre de « l’Empire angevin », puis par l’aimable roi René, les Valois d’Anjou, rois de France et par l’admirable Bonchamps, qui grâcie cinq mille prisonniers républicains au moment de son propre trépas. Les innombrables édifices, tableaux, sculptures et textes laissés par cette brillante histoire prolongent son influence et créent une imprégnation collective. Les témoignages  de la Renaissance et du Moyen-âge sont particulièrement riches et séduisants. Ils ont souvent quelque chose de féerique, qui nous retient et parfois nous envoûte, comme au Plessis de Jean Bourré, féru d’alchimie et grand trésorier du roi de France.

Si d’aussi grands personnages ont choisi ce territoire et si ce territoire a créé d’aussi grands personnages, c’est qu’il est généreux. Depuis les temps immémoriaux, la vallée de la Loire a invité les tribus à profiter de ses bienfaits. En témoignent les très nombreux menhirs et dolmens, comme ceux de Bagneux ou de Gennes. Le climat équilibré, la fameuse « douceur angevine », célébrée par un des plus grands poètes, Du Bellay, font en grande partie de cette région un verger ou un jardin, où la Nature s’offre plaisamment et en abondance. L’harmonie née de l’équilibre avec la Nature est l’essentiel de l’Art de vivre, bien compris en Anjou. La gastronomie, la viticulture et la botanique y sont reines et s’inscrivent dans de très anciennes traditions. Toujours attirée par les synthèses, cette province a même son parc oriental, dans le bel écrin de Maulévrier. « Mai, le joli mai », correspond bien au climat général, avec sa douceur généreuse. Il faut profiter de ce moment de l’année pour jouir pleinement de la terre angevine. Sa beauté harmonieuse crée une exceptionnelle qualité de vie. La pierre lumineuse qu’est le tuffeau y ajoute ses reflets tendres. On peut même évoquer une certaine finesse d’esprit, encouragée par les nuances subtiles de la Nature, de l’art et de l’histoire, qui se traduit au quotidien par un goût fréquent du savoir-vivre et de la politesse, cette « première vertu », selon Comte-Sponville.

Le nom même de « l’Anjou », avec sa sonorité nasale, évoque une douceur nostalgique, peut-être nervalienne. La profondeur  de l’histoire s’accompagne toujours de cette pointe mélancolique. Mais le sens du passé n’exclut pas l’innovation. Le nom de la province, devenu celui d’un état américain, a participé au développement du nouveau monde. Robert d’Arbrissel, dès le XIe siècle, avait imposé une femme à la tête de la grande abbaye de Fontevraud, Jean Bodin a refondé la philosophie politique et René Gasnier fut un des tout premiers aviateurs. Aujourd’hui encore, la région consacre une bonne part de son activité à la recherche.

Pour nos générations, dans un contexte commercial et culturel très agressif, il faut souhaiter que le territoire sache préserver et développer son originalité, afin que ce beau charme de l’Anjou ne s’évanouisse jamais.

 

 

Thierry Orfila, 2018