Photographies et présentation par Thierry Orfila, présentation historique par François Brizay.
Thierry Orfila est artiste et écrivain, agrégé et docteur ès lettres, après une thèse sur Baudelaire. Il a démissionné de l’éducation nationale en septembre 2009 pour devenir indépendant et créer la sarl des éditions Orion, avec une associée. François Brizay, d’origine tourangelle, est maître de conférences à la faculté d’histoire d’Angers. Il a déjà publié des ouvrages d’histoire, notamment sur l’ancien régime, chez Belin et Bréal. Il propose ici des articles clairs et concis sur les lieux, les dates et les personnages importants qui ont jalonné l’histoire de la Loire.
Il s’agit d’un nouveau concept de beau livre composé aux deux tiers de belles photographies et pour un tiers de textes littéraires et d’articles historiques. L’anthologie réunit autour de la Loire de grands auteurs tels que Rabelais, Du Bellay, Ronsard, La Fontaine, Mme de Sévigné, Voltaire, Rousseau, Balzac, Flaubert, Hugo, Henri James, Stevenson, Jules Verne, René Bazin, Marcel Proust, Albert Camus, et d’autres moins connus, y compris des poètes vivants.
Le lecteur découvre donc quatre livres en un : la photographie, la littérature et l’histoire sont conviées autour du thème géographique de la Loire, qui dessine en même temps le plan du livre, puisque l’on descend progressivement le fleuve depuis le Mont Gerbier-de-Jonc jusqu’à Saint-Nazaire. C’est l’occasion de redécouvrir le plus long fleuve de France, avec ses magnifiques paysages naturels et ses superbes monuments.
La mise en page est dominée par le bleu, par analogie avec le fleuve.
L’impression est française, ce qui est exceptionnel pour les beaux livres aujourd’hui, réalisée par Jouve, à Mayenne, sur papier couché (glacé) 150 grammes, avec une couverture reliée et cartonnée, tout en couleurs. Format : 21 cm de largeur x 29,7 cm de hauteur x 2,5 cm d'épaisseur, 308 p.
39,00 €
TTC, frais de port offerts dans certains pays
Frais de port offerts dans les pays suivants: Albanie, Andorre, Autriche, Bélarus, Belgique, Bosnie-Herzégovine, Bulgarie, Chypre, Serbie-et-Monténégro, Suisse , Allemagne, Croatie, Danemark, Espagne, Estonie, État de la Cité du Vatican, Finlande, France, Géorgie, Gibraltar, Grèce, Hongrie, Îles Féroé, Irlande, Islande, Italie, Lettonie, Liechtenstein, Lituanie, Luxembourg, Macédoine, Malte, Moldavie, Monaco, Monténégro, Montserrat, Norvège, Pays-Bas, Pologne, Portugal, République tchèque, Roumanie, Royaume-Uni, Russie, Saint-Marin, Slovaquie, Slovénie, Suède, Svalbard et Île Jan Mayen, Turquie, Ukraine Autres pays Réduire
Beauté de la Loire et de ses châteaux, de sa source à l'océan.
Préface
Au cœur de la France, coule ce « Loir gaulois », qui charmait tant Du Bellay, fleuve toujours français, qui naît en sa montagne centrale, puis délimite les régions du Nord de celles du Sud, démarque leurs climats, leurs langues et leurs caractères, tout en se maintenant, lui, au juste milieu, pour enfin se fondre dans l’immensité, dans un grossissement longuement préparé, comme d’un roi appuyé sur ses vassaux, parti de presque rien, d’un ru parfois asséché, ombilic amplifié d’un réseau complexe de capillarités, elles-mêmes creusées en labyrinthe, à travers les monts, les promontoires, les falaises, les collines, les vignes, les îles, le sable, qui, parfois, ainsi renforcé, par crises emphatiquement compensatrices de son calme naturel, submerge les terres, les cultures, les maisons imprudentes, les détruit tout en leur accordant son limon à profusion, tel le grand Nil ; parfois aussi il raidit ses membres comme un long squelette, il fait le mort, c’est l’embâcle, mais gare à la débâcle, lorsqu’il fait craquer ses os contre les ponts, dont certains ne sont plus soudain que fétus de paille.
Au long de son cours, se mirent châteaux, églises et cathédrales, vestiges de l’ancienne forme de vie entre les hommes, dominée par ceux qui menaient les combats et ceux qui menaient les âmes ; pour ceux-là, il paraissait nécessaire de cultiver le Beau, mais le déclin de l’aristocratie entraîna le déclin de puissance de la vallée de la Loire, qui n’intéressa guère, ensuite, la classe industrieuse, sauf en ses deux extrémités, dans sa partie montagnarde, de tradition minière, ainsi que dans l’estuaire, de tradition portuaire ; tandis que la Loire royale commence à Sully-sur-Loire, selon la cartographie de l’Unesco, qui l’a classée au patrimoine mondial en 2000 ; c’est aujourd’hui une longue vallée à taille humaine, où ne se trouve aucune ville tentaculaire, dans laquelle le souvenir des rois irrigue les esprits d’une pointe de nostalgie, car ce sang royal qui coula dans ses veines et dans son artère fluviale continue d’insuffler sa sensibilité à tous ceux qui en prennent plus ou moins conscience; quiconque suit son cours peut donc suivre l’histoire de l’art, principalement du moyen-âge au XVIIIe siècle, c’est-à-dire à l’apogée de l’Ancien Régime, et surtout ce magnifique XVIe siècle inauguré par Léonard de Vinci, invité par François Ier au Clos-Lucé, siècle, justement, qui cherchait la mesure humaine et la Loire la lui offrit en son milieu.
Son nom même, qui vient du gaulois Liger, fondé sur un radical hydronymique pré-latin lic, ou lig, semble appeler une prononciation archaïque, avec ce « oi » qui se disait « ouai », comme si l’ancien temps n’était pas si lointain, et il n’est pas innocent que ses deux consonnes soient deux liquides, l’une douce, le « l » et l’autre dure, le « r », qui correspondent si bien à l’écoulement des flots, avec, de surcroît ce mélange caractéristique de rudesse et de tendresse, comme l’eau et la pierre mêlées, ou comme la pierre tendre et blonde, si chère à ses rives, le tuffeau.
Toutes ses métamorphoses, au cours de son long voyage, lui construisent un caractère mouvant ; l’eau n’est pas seulement contenue entre ses deux rives, elle est aussi nuages, pluies, brouillards, rosées, glaces, source et océan, ce qui la rendrait androgyne, et, de fait, on peut la désigner par le nom masculin de fleuve ou par le féminin de la Loire, en outre son nom même était autrefois masculin, on disait « le Loir », qui est encore aujourd’hui le nom d’un de ses affluents, de sorte qu’on ne saurait la définir ou le définir sexuellement que par ce paradoxe.
Ses métamorphoses inscrites dans la linéarité font d’elle une image exemplaire du Temps : à travers son flux, ce sont les âges qui s’écoulent, et l’on est tenté de la voir enfant à la source et mature dans l’estuaire, sans jamais la voir s’achever vraiment, quoiqu’elle laisse en chemin quelques bras morts, mais elle n’est pas tragique, son devenir est la fusion dans l’océan, c’est-à-dire une forme de transcendance heureuse et exaltée, ou bien elle incarne le cycle traditionnel de l’éternel retour, dans lequel chaque goutte d’eau n’a pas d’âge; ainsi devient-elle initiatrice, maîtresse du Temps et quand on la contemple on peut apprendre la vie. Claudel écrivait, dans L’Oiseau noir dans le soleil levant, que « L’eau est le regard de la terre, son appareil à regarder le temps », et Bachelard ajoutait, dans L’Eau et les rêves, que « Le passé de notre âme est une eau profonde », le passé ou l’avenir, à tel point que « tous les fleuves rejoignent le Fleuve des morts ».
Thierry Orfila